Je n'ai aucune image et une mémoire enfumée, de la soirée pour laquelle je présentais, en avant première, cette performance, Action Painting, "Ligne de vie". Il me reste quelques écrits éparses, et les bribes de souvenirs de Naëlle, 15 ans plus tard. Je me souviens par contre très bien, l'avoir écrite pour Georges, de l'Anneau de Justine", membre directeur d'un club breton, privé et libertin, axé BDSM. Il a été l'un de mes mécènes, en me commandant plusieurs performances, chaque année, de 2006 à 2009, pour ses anniversaires. En 2007, Il me demande une performance BDSM sur le thème de l'écriture. Je lui compose « Le Trait », que je nommerai "Ligne de vie" par la suite. J'ai à cette époque un nouveau modèle, prêt à me suivre dans mes expérimentations artistiques sur les déviances sexuelles, après Unfricht Y. et Anna K. Naëlle est une jeune femme, d'origine poitevine, elle est venue me voir à Gravotel, lors d'une soirée évènementielle, et nous avons tout de suite amorçé un chemin de vie performatique, qui se finira en 2011, avec le Flesh Festival, à Charleroi, en Belgique . Georges, donc, me demandait une performance sur le thème de l'écriture et érotisme, et j'avais le "prospero's book" de Peter Greenaway en tête. J'imaginais une femme objet, pinceau sensible. A quatre pattes, pinceau à taille phallique dans la bouche, imbibé d'encre de chine, je demande à Naëlle de tracer une ligne sur un rouleau de papier, illustrant sa destinée. Je joue tout d'abord le rôle de l'araignée, encore influencée par ma propre expérience de la vie, et intervient sur elle, en Maitresse Dominatrice, lui faisant dévier ici et là la ligne de sa vie. Je distribuais les peines et les récompenses d'une vie entière en un peu moins d'une heure et quelques mètres. Le trait vibrait sous les coups de fouet, les gouttes de cire chaude, ou d'eau fraîche, les jets de sable, les griffures et les étreintes. Derrière les métaphores poétiques la Séance est réelle.